Le militantisme aujourd’hui : quelle nouvelle donne ?
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Ce texte de Gérard Mauger a servi de trame à l’introduction d’un débat sur la question du militantisme, organisé par Espaces Marx à la fête de l’Humanité. Ce débat a réuni, de gauche à droite sur la photo ci-dessous, Patrice Cohen-Seat, Jacques Chabalier, Gérard Mauger, Maryse Dumas, Louis Weber.
 Constat d’allure triviale : les militants d’aujourd’hui ne sont pas ceux d’hier.
 Constat d’allure triviale : les militants d’aujourd’hui ne sont pas ceux d’hier.
Mais ce « constat » n’est pas à l’abri des illusions d’optique (médiatique, politique et sociologique) : cf. perte de visibilité du mouvement ouvrier (de la classe ouvrière et des classes populaires).
 Question issues d’une entreprise collective qui s’efforce de cerner les multiples changements qui affectent les « acteurs de la transformation sociale » (« les militants ») : elles conduisent à s’interroger sur ce que l’état du militantisme aujourd’hui doit à l’état de la « demande d’engagement », à l’état de « l’offre d’engagement », à la réception et l’appropriation de cette offre d’engagement
 Question issues d’une entreprise collective qui s’efforce de cerner les multiples changements qui affectent les « acteurs de la transformation sociale » (« les militants ») : elles conduisent à s’interroger sur ce que l’état du militantisme aujourd’hui doit à l’état de la « demande d’engagement », à l’état de « l’offre d’engagement », à la réception et l’appropriation de cette offre d’engagement
1°) Quelles aires sociales de recrutement et de mobilisation ?
D’où émane la demande d’engagement ?
De « la classe ouvrière » à la « petite bourgeoisie nouvelle » (enseignement et fonction publique : la syndicalisation, par exemple, croît avec le capital scolaire) : le secteur public succède-t-il à la classe ouvrière à l’avant-garde de la conflictualité sociale ?
Places relatives des femmes/hommes, des jeunes/vieux (retraités), des immigrés/français, du public/privé dans la nouvelle configuration salariale et dans le recrutement militant (associatif, syndical, partisan) ?
De façon générale, comment identifier ces « acteurs » - présumés - « de la transformation sociale » (au-delà de la controverse rituelle sur « les ouvriers, les techniciens et les ingénieurs ») ? Où passe aujourd’hui la frontière entre « eux » et « nous » ? (NB : Il y a aussi des militants de droite...)
En quoi, par ailleurs, l’offre d’engagement gouverne-t-elle la demande ? En dépit de la « casse industrielle », de la reconfiguration de la condition salariale (sous-traitance, extension des services par rapport à la production, etc.), les grandes entreprises et les secteurs à statut restent les zones d’implantation syndicale privilégiées (CGT) et - pour partie du fait d’une sorte de phénomène d’hysteresis des institutions (qui tendent à persévérer dans leur être), de « routine » ou de « bureaucratisation » - des secteurs entiers, comme le commerce, échappent à toute implantation syndicale : outre l’érosion, très inégale distribution des effectifs syndicaux
2°) Quelles modalités de l’engagement militant ?
« Engagement total » (supposés caractéristiques du militantisme PC-CGT)/Engagement « à la carte » et « militantisme distancié » de « militants intermittents » ? « Remise de soi »/Autonomie revendiquée par rapport aux directions (cf. capital scolaire en hausse).
« Nouvelles générations » de militants ? « Rupture générationnelle » pose le problème des changements dans le « mode de génération » de ces nouvelles générations de militants :
 ressorts du militantisme : (défense des) intérêts matériels et symboliques (« dignité »), expérience de la condition salariale (et de la grève), conscience de classe, habitus de classe, héritages (militants, religieux)
 ressorts du militantisme : (défense des) intérêts matériels et symboliques (« dignité »), expérience de la condition salariale (et de la grève), conscience de classe, habitus de classe, héritages (militants, religieux)
 « carrières militantes » (« effet d’âge » et « disponibilité ») : interruptions, bifurcations, désengagements (cf.  turn over)
 « carrières militantes » (« effet d’âge » et « disponibilité ») : interruptions, bifurcations, désengagements (cf.  turn over)
 « capital militant » : expérience militante, « formation » (par le PCF/apprentissage « sur le tas »), transmission de l’expérience militante, capital scolaire détenu /autodidactes (professionnalisation du militantisme), « rétributions du militantisme » (capital symbolique associé au militantisme dans les classes populaires, la pbn, le monde étudiant, le champ intellectuel)
 « capital militant » : expérience militante, « formation » (par le PCF/apprentissage « sur le tas »), transmission de l’expérience militante, capital scolaire détenu /autodidactes (professionnalisation du militantisme), « rétributions du militantisme » (capital symbolique associé au militantisme dans les classes populaires, la pbn, le monde étudiant, le champ intellectuel)
3°) Quels champs d’investissement militant ?
On peut en distinguer trois :
a) Mouvements sociaux (engagement « associatif » ou « citoyen », « société civile »)
b) Mouvement syndical
c) Champ politique (partis politiques, organisations politiques non partisanes : LDH ou ATTAC)
Discrédit du politique au profit de l’attractivité prêtée aux « NMS » ?
Dévaluation du militantisme partisan / engagement associatif ou syndical ?
Le discrédit du politique renvoie, en particulier,
 à l’effondrement du PCF (à la dévaluation du « marxisme » et de la prophétie communiste),
 à l’effondrement du PCF (à la dévaluation du « marxisme » et de la prophétie communiste),
 au discrédit de « la gauche de gouvernement ».
 au discrédit de « la gauche de gouvernement ».
 à la persistance de l’humeur « anti-étatique » (sinon « anti-politique ») post soixante-huitarde (« libertaire ») (cf. « l’État jacobin » contre les régions, « l’État colonial » ou « post-colonial » contre le Tiers-Monde, « l’État policier » contre les libertés, etc.),
 à la persistance de l’humeur « anti-étatique » (sinon « anti-politique ») post soixante-huitarde (« libertaire ») (cf. « l’État jacobin » contre les régions, « l’État colonial » ou « post-colonial » contre le Tiers-Monde, « l’État policier » contre les libertés, etc.),
 à la persistance de l’humeur « anti-institutionnelle » post soixante-huitarde (qui trouve un écho dans le lexique associé à l’hégémonie libérale : individu, autonomie, responsabilité, projet, etc.) : « démocratie participative », « délibération collective » (AG), décentralisation/« centralisme démocratique », « coordinations » et/ou « réseaux »/institutions, etc.
 à la persistance de l’humeur « anti-institutionnelle » post soixante-huitarde (qui trouve un écho dans le lexique associé à l’hégémonie libérale : individu, autonomie, responsabilité, projet, etc.) : « démocratie participative », « délibération collective » (AG), décentralisation/« centralisme démocratique », « coordinations » et/ou « réseaux »/institutions, etc.
Quels rapports entre « mouvements sociaux », mouvement syndical et champ politique ?
4°) Quelles « causes » ?
Au déclin (discrédit) du mouvement ouvrier (jugé « dépassé », « révolu ») et de la lutte des classes correspond, au début des années 1970 :
 l’essor des luttes perpendiculaires aux clivages de classes, la construction de « nouveaux » clivages « identitaires » où Alain Touraine voyait « un nouvel âge de la contestation »  : de « genre » (cf. « féminisme »), d’orientations sexuelles (cf. mouvement « LGTB »), « ethniques » (« raciaux » ou « post-coloniaux ») et/ou « religieux » (cf. « communautarismes »), « géographiques » (cf. régionalismes), etc.
 l’essor des luttes perpendiculaires aux clivages de classes, la construction de « nouveaux » clivages « identitaires » où Alain Touraine voyait « un nouvel âge de la contestation »  : de « genre » (cf. « féminisme »), d’orientations sexuelles (cf. mouvement « LGTB »), « ethniques » (« raciaux » ou « post-coloniaux ») et/ou « religieux » (cf. « communautarismes »), « géographiques » (cf. régionalismes), etc.
 l’essor de l’écologie
 l’essor de l’écologie
 les « luttes pour les droits » (de l’homme).
 les « luttes pour les droits » (de l’homme).
À ces « nouveaux fronts » (ouverts maintenant depuis plus de quarante ans... ou plus) correspondent, selon Alain Touraine, des « luttes post matérialistes », « qualitatives », opposées aux revendications dites « matérialistes », « quantitatives » (salaires, temps de travail).
Puis, avec le revival de « la question sociale » l’essor des luttes des « sans » dans la périphérie du mouvement ouvrier : « sans emploi » (mouvements de chômeurs et précaires), « sans logement » (DAL), « sans papiers ». Pose la question du « peuple de prédilection » des intellectuels : « précaires » et « sans » (cf. engagements « humanitaires », « compassionnels »), « minorités visibles » (cf. « tiers-mondisme » contemporain).
Place des luttes des classes populaires ? des revendications quantitatives ? des luttes pour l’égalité ?
5°) Quels « répertoires de l’action collective » ?
Répertoire d’action stable (registre dit « ancien » ou « traditionnel » d’action collective associé aux conflits du travail : grève, manifestation)/« Nouvelles formes de lutte », « formes inédites de protestation » :
 cf. Internet / redécouverte du « militantisme de proximité » ;
 cf. Internet / redécouverte du « militantisme de proximité » ;
 cf. emprise croissante du champ médiatique sur le champ politique, sur le champ syndical, sur les mouvements sociaux : essor des actions « pour médias » (flash mob de Génération précaire, de Jeudi Noir, des Enfants de Don Quichotte, plus ou moins démarquées d’Act Up)
 cf. emprise croissante du champ médiatique sur le champ politique, sur le champ syndical, sur les mouvements sociaux : essor des actions « pour médias » (flash mob de Génération précaire, de Jeudi Noir, des Enfants de Don Quichotte, plus ou moins démarquées d’Act Up) 
Au sein des conflits du travail :
 Concertation, négociation / conflit, luttes = luttes pour le monopole de la définition et de la représentation du syndicalisme « contestataire »/« responsable »
 Concertation, négociation / conflit, luttes = luttes pour le monopole de la définition et de la représentation du syndicalisme « contestataire »/« responsable »
 JINT (Journées Individuelles Non Travaillées) en baisse avec pour corollaire la « grève par procuration » ou les « conflits dos au mur »/enquête REPONSE et grèves de moins de deux jours, débrayages, refus d’heures supplémentaires, pétitions, manifestations, etc. en hausse
 JINT (Journées Individuelles Non Travaillées) en baisse avec pour corollaire la « grève par procuration » ou les « conflits dos au mur »/enquête REPONSE et grèves de moins de deux jours, débrayages, refus d’heures supplémentaires, pétitions, manifestations, etc. en hausse
 Enjeux interprofessionnels/Enjeux locaux (revendications spécifiques)
 Enjeux interprofessionnels/Enjeux locaux (revendications spécifiques)


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